L’eau est la vie – Les gardiens honorent la responsabilité sacrée de protéger les eaux

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Par Frank Brown

31 mai 2023

Les gardiens Heiltsuk sont animés par une éthique ancienne qui consiste à prendre soin des eaux et des terres, parce que nous savons qu’elles prennent soin de nous en répondant à nos besoins de subsistance. Dans le milieu aquatique, les gardiens surveillent diverses espèces comme le hareng, le saumon et les mollusques, en plus de mener diverses études sur le milieu marin. https://www.youtube.com/watch?v=RAg1VXfKIKk

Comme peuple côtier, notre relation avec la vie marine occupe une place centrale dans notre société et notre culture. C’est pourquoi nos gardiens consacrent une grande partie de leur temps à surveiller et à protéger ces eaux salées. Mais après avoir participé au Rassemblement national des gardiens des Premières Nations à Ottawa, où plus de 250 gardiens de tout le pays sont venus parler de leur travail, je me suis rappelé que l’eau est au cœur des responsabilités des gardiens partout au pays.

Qu’ils vivent près d’un océan ou de rivières, de milieux humides ou de lacs, les peuples autochtones connaissent la force vitale de l’eau. Nous savons que l’eau est sacrée et qu’elle nous lie aux autres, à nos lieux de vie et à la planète.  

Ces connaissances sont plus importantes que jamais, car la planète est confrontée au double défi des changements climatiques et de la perte de biodiversité. La vénération et le respect témoignés envers l’eau constituent l’un des plus profonds enseignements que la vision du monde des Autochtones peut offrir à la société occidentale, distraite par le matérialisme.

La science occidentale est relativement jeune face aux sociétés autochtones anciennes, mais elle progresse rapidement et confirme les visions du monde des Autochtones concernant l’interdépendance de toutes les choses.

Récemment, j’ai relu l’ouvrage The Sacred Balance:Rediscovering Our Place in Nature, de David Suzuki, où il explique que 71 % de la planète est recouverte d’eau : « Les masses terrestres ne sont que des bosses à la surface de l’eau, écrit-il. Bien que nous vivions sur la terre, nous sommes des créatures des eaux ». Suzuki suit le parcours d’une molécule d’eau qui traverse les aquifères jusqu’à l’atmosphère, puis redescend sur terre, se retrouve dans l’air que nous respirons, devenant littéralement une partie de nous-mêmes.

Suzuki réfléchit aux milliards d’années et aux forces galactiques et géologiques complexes qui ont été nécessaires pour créer la biosphère dans laquelle nous vivons et les molécules d’eau dont nous dépendons. À défaut de reconnaître que cette planète est exceptionnelle et unique, de l’aimer et de la respecter parce qu’elle est sacrée, nous éroderons sa capacité à donner la vie. L’homme a déjà causé d’importants dégâts en polluant les eaux et en rejetant du carbone dans l’atmosphère. Voilà pourquoi l’intendance dirigée par les Autochtones est plus essentielle que jamais. Cette approche témoigne de notre interdépendance et nous rappelle que ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes.

Les programmes des gardiens sont un moyen essentiel par lequel les nations autochtones honorent leur responsabilité en matière de protection des eaux. À titre d’intendants autochtones, les gardiens tirent parti du savoir traditionnel et du meilleur de la science occidentale pour protéger les eaux dont nous dépendons tous. Les programmes des gardiens comprennent des protocoles qui tirent parti du savoir traditionnel local et de la mémoire collective des peuples. Ils s’appuient sur ces fondations pour surveiller et signaler les changements qui surviennent dans les systèmes. 

Nous sommes témoins de ces changements dans les lieux où nous vivons. Sur le territoire des Heiltsuk, par exemple, nous voyons comment le réchauffement des océans influe sur les espèces d’eau froide comme le saumon et le hareng. Nous constatons que l’augmentation de l’acidité des océans fait qu'il est plus difficile pour les mollusques de fabriquer des coquilles solides et que les rivières atmosphériques qui s’écoulent de l’océan Pacifique détruisent les habitats de frai des saumons et provoquent des glissements de terrain et des inondations. Nous assistons à des épisodes de sécheresse extrême qui nuisent à l’écorce interne des cèdres, ces « arbres de vie », dont dépendent les artisans de la vannerie. 

Nous devons rétablir l’équilibre. Nous devons créer des zones où les saumons, les crabes et les harengs prospèrent, et nous devons maintenir des écosystèmes intacts pour assurer le renouvellement des espèces.

Le fait de pouvoir observer et signaler les changements qui se produisent dans l’équilibre sacré de nos territoires est essentiel pour élaborer des stratégies d’atténuation. Les gardiens doivent être présents dans les aires marines protégées et les aires protégées et de conservation autochtones afin de créer des refuges où les espèces peuvent s’adapter et prospérer.

Il est inspirant de savoir que plus de mille gardiens veillent sur les eaux marines et les eaux douces dans tout le pays, amassant des connaissances et recueillant des données qui permettent à nos nations de lutter contre les changements climatiques et de préserver la biodiversité. Ces programmes démontrent que les peuples autochtones dans les territoires répondent à l’appel et assument leur responsabilité à titre d’intendants des eaux et des terres.

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