Honorer les femmes autochtones dans le domaine de la conservation : Un programme de bourse axé sur la collaboration

8 mars 2025

Par Valérie Courtois et Justina Ray 

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Les femmes autochtones sont les dépositaires des connaissances et des traditions qui sont au cœur de nos relations avec les terres et les eaux. Bien souvent, ces femmes jouent un rôle central au sein de leurs communautés – ce sont des organisatrices à qui l’on demande souvent de diriger des initiatives en matière de conservation et d’intendance. Elles transmettent leur savoir d’une génération à l’autre. Elles sont à la tête de projets de création d’aires protégées et de conservation autochtones dans des territoires en santé et riches en biodiversité. Elles mettent aussi en place et coordonnent des programmes des gardiens pour veiller à ce que les territoires soient surveillés, protégés et aimés. 

En cette Journée internationale de la femme, nous rendons hommage à ce leadership en célébrant la création d’un nouveau programme conçu pour soutenir les femmes autochtones et valoriser leur apport dans le domaine de la conservation : la Bourse de stage de leadership pour les femmes des Premières Nations.

Cette bourse de stage administrée par l’Initiative de leadership autochtone et la Wildlife Conservation Society Canada aidera les femmes leaders en émergence à perfectionner leurs compétences professionnelles, à développer des relations et à profiter des enseignements d’un cercle de mentores. 

Nous avons lancé ce programme de bourse parce que nous savons que, fortes d’un soutien supplémentaire, ces femmes seront en mesure d’accroître l’étendue des retombées positives de leur travail à l’intérieur et au-delà de leurs nations. Plus que jamais, ce leadership est nécessaire. En ces temps incertains, le leadership des femmes des Premières Nations est indispensable pour protéger les terres, les eaux et les modes de vie à l’avenir.

Le leadership des femmes autochtones dans le domaine de la conservation

Les femmes autochtones ont toujours été des intendantes des terres et des eaux. Elles sont les dépositaires des connaissances et des traditions qui sont au cœur des relations qu’entretiennent les Premières Nations avec les terres et les eaux. Selon les époques, ce leadership a pris diverses formes. 

Aujourd’hui, il s’exprime lorsque la grande cheffe Mandy Gull et sa collègue Chantal Otter-Tetrault s’efforcent de protéger 30 % d’Eeyou Istchee au nom de la Nation crie d’Eeyou Istchee. Ou encore lorsque Stephanie Thorassie, directrice générale de la Seal River Watershed Alliance, s’affaire à créer une aire protégée et de conservation autochtone couvrant 50 000 km2 de terres intactes dans le nord du Manitoba. C’est aussi le cas de Corrine Porter, Gillian Staveley et Tanya Ball, qui collaborent avec l’Institut Dena Kayeh pour mettre sur pied un programme de gardiens et créer l’APCA Dene Kʼéh Kusān dans le nord de la Colombie-Britannique.

Ces femmes, comme beaucoup d’autres, sont à l’origine d’initiatives de conservation qui permettent de soutenir les cultures et les communautés. Mais le leadership dépasse la sphère individuelle. Pour qu’il continue de se développer et de rayonner, il faut créer les conditions propices qui feront en sorte que les femmes autochtones bénéficient de soutien et de ressources, et qu’elles puissent tisser des liens.

Des parcours parallèles et un engagement commun

Comme femmes leaders, nous avons toutes deux suivi des chemins parallèles pendant de nombreuses années. Issues de milieux différents, nous nous sommes rencontrées à une époque où nous travaillions sur le terrain dans le domaine de la conservation. Tout au long de notre carrière, depuis nos débuts comme jeunes professionnelles jusqu’à aujourd’hui, nous avons été témoins de l’aide inestimable apportée par les femmes mentores. Que ce soit dans les domaines de la science, de la conservation, de la foresterie, du climat ou du droit, du savoir et du leadership autochtones, ces mentores ont façonné nos parcours et renforcé notre travail. 

Nous avons toutes deux effectué notre propre mentorat au fil des ans, car nous savons à quel point on peut se sentir isolée lorsque nous devons affronter seules les obstacles qui se dressent devant nous. Le colonialisme et les politiques paternalistes ont restreint les espaces où les femmes autochtones s’investissaient. Il faut des systèmes de soutien plus solides afin de soutenir leur travail indispensable.

Notre chère amie et collègue Cheryl Chetkiewicz, que le monde et nous tous et toutes avons perdu en 2024, comprenait intimement ce principe qu’elle a défendu. 

Cheryl était rayonnante et sa bonne humeur était contagieuse. Ardente défenseure de la conservation dirigée par les Autochtones, elle a œuvré de diverses manières pour soutenir le leadership autochtone en matière de planification de l’utilisation du territoire, de politiques publiques et d’initiatives d’intendance. Elle croyait au pouvoir des relations fondées sur la confiance et la réciprocité, et passait beaucoup de temps dans les communautés, se présentant comme une personne entière, dotée d’un grand cœur et d’une expertise scientifique. Elle a veillé à ce que la gouvernance autochtone soit au centre du processus décisionnel en matière de conservation, et non une simple considération accessoire.

Cheryl a reconnu le rôle unique des femmes autochtones dans ce travail. Elle reconnaissait la valeur de leur leadership, de leur savoir et de leur capacité à bâtir des ponts entre les générations grâce aux activités en conservation. Elle était une mentore et une alliée qui cherchait sans relâche à créer des espaces permettant aux femmes autochtones de se faire entendre et de façonner l’avenir de la conservation.

Sa disparition laisse un vide immense, mais sa vision se perpétue dans le travail qu’elle a contribué à faire avancer et dans les personnes qu’elle a soutenues. Nous sommes honorées de poursuivre son œuvre d’une manière qui reflète véritablement sa passion et son engagement.

Une bourse axée sur la communauté et le mentorat

En mémoire de Cheryl, nous sommes fières de présenter la Bourse de stage de leadership des femmes des Premières Nations, qui constitue un investissement dans le leadership, mais aussi un engagement envers la force des relations, le mentorat et l’essor d’une collectivité en soutien aux femmes autochtones dans le domaine de la conservation.

Ce programme de bourse s’appuie sur le Cercle des Tantes, un groupe composé de femmes autochtones et non autochtones d’expérience qui nous guideront et nous appuieront au cours de l’élaboration et de la mise en œuvre de cette initiative. Elles agiront également comme mentores auprès des récipiendaires de cette bourse de stage.

Ce programme de bourse de stage va bien au-delà de l’aspect financier et de la formation – il vise à bâtir un réseau solide, résilient et durable de femmes autochtones leaders dans le domaine de la conservation qui s’entraident et qui reçoivent l’appui de celles qui les ont précédées. Si vous ou une personne que vous connaissez êtes intéressée par cette bourse de stage, cliquez ici pour en savoir plus et soumettre une candidature! 

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