La conservation dirigée par les Autochtones est essentielle à l’atteinte des objectifs pourla biodiversité de la COP16

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22 octobre 2024

Par Valérie Courtois

Au cours des deux prochaines semaines, des chefs d’État, des ministres et plus de 15 000 délégués se réuniront à Cali, en Colombie, pour examiner les progrès réalisés à l’échelle mondiale pour le maintien de la biodiversité. Les nouvelles concernant les progrès à l’égard des défis environnementaux sont souvent peu réjouissantes et il ne fait nul doute que les pays doivent faire beaucoup plus. Cela dit, la perte de biodiversité est un problème que nous pouvons résoudre. Les peuples autochtones ouvrent déjà la voie.

Les Autochtones veillent sur la majorité des écosystèmes encore intacts de la planète, et ils y sont profondément attachés – de la forêt boréale dans ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de Canada jusqu’aux forêts pluviales de l’Amazonie et ailleurs. Désormais, la solution la plus efficace pour préserver la biodiversité consiste à soutenir la conservation et l’intendance dirigées par les Autochtones.

C’est pourquoi, lorsque l’Initiative de leadership autochtone et ses partenaires se rendront à Cali, nous tâcherons de :

– Promouvoir la conservation et l’intendance autochtones des ressources naturelles

– Appeler les pays à respecter et à soutenir les droits et la prise de décision des Autochtones

– Mettre de l’avant les approches novatrices pour financer le leadership autochtone en matière de conservation dans les territoires.

Des membres du programme des gardiens AAROM du Dehcho prélèvent des échantillons d’eau pour la Première Nation K’atl’odeeche, dans les Territoires du Nord-Ouest.

Concrétiser les engagements des pays

Cette Conférence des Nations Unies sur la biodiversité, ou COP16, est la première grande réunion depuis que 196 pays ont adopté le Cadre mondial pour la biodiversité à Montréal il y a deux ans. Il s’agit de la COP « de mise en œuvre », au cours de laquelle les pays doivent présenter leurs stratégies pour atteindre les objectifs ambitieux auxquels ils se sont engagés, notamment celui de protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030.

Appuyer la conservation dirigée par les Autochtones est l’un des meilleurs moyens de concrétiser cette vision. Rien qu’au Canada, les nations autochtones sont à la tête des projets de conservation les plus ambitieux au pays.

Les Territoires du Nord-Ouest, par exemple, comptent trois aires protégées et de conservation autochtones (APCA) d’envergure qui, considérées ensemble, occupent une superficie équivalente à celle du Costa Rica. Dans le nord du Manitoba, quatre Premières Nations œuvrent à la création de l’aire protégée autochtone du bassin versant de la rivière Seal. Avec ses 50 000 km², elle deviendra la plus grande aire protégée terrestre au Canada. Une multitude de projets d’APCA similaires sont en cours au Canada.

Pendant ce temps, plus de 200 programmes des gardiens des Premières Nations permettent aujourd’hui de veiller sur les terres et les eaux dans tout le pays. Les gardiens gèrent les APCA, surveillent les espèces et luttent contre les effets des changements climatiques. Les gardiens mènent également des recherches. C’est le cas de l’équipe des gardiens du territoire de la Seal River Watershed Alliance – qui seront présents à Cali – dont les travaux démontrent que leurs territoires servent de refuge pour plus de 100 espèces d’oiseaux migrateurs à une époque où les habitats des oiseaux disparaissent rapidement dans d’autres régions du monde.

Le gouvernement du Canada reconnaît le rôle central de la conservation dirigée par les Autochtones dans le maintien de la biodiversité. Selon la stratégie nationale et le plan d’action pour la biodiversité du Canada, « il est impossible d’atteindre nos cibles pour 2030 sans l’expertise et le leadership des Premières Nations, des Inuits et de la Nation Métisse, et le changement transformateur doit être centré sur des mesures audacieuses et dirigées par les Autochtones ». Le gouvernement fédéral a également financé de nombreux programmes des gardiens et projets d’APCA.

Mais pour respecter les engagements pris en vertu du Cadre mondial pour la biodiversité, les pays doivent intégrer la participation des Autochtones dans leur stratégie et leurs plans d’action nationaux pour la biodiversité et investir à long terme dans des solutions dirigées par les Autochtones qui permettront d’atteindre les objectifs en matière de biodiversité.

Des intendants des terres autochtones de partout aux États-Unis se réunissent dans la Nation Lummi, dans l’État de Washington, pour étudier la possibilité de créer un réseau national d’intendance tribale.

Le mouvement en faveur de l’intendance dirigée par les Autochtones prend de l’ampleur

Un des moments forts de la COP16 sera de constater l’essor du mouvement en faveur de l’intendance dirigée par les Autochtones. Les exemples abondent :

– En Australie, les aires protégées autochtones représentent 50 % du réseau de réserves nationales du pays, et plus de 120 programmes de rangers autochtones participent à la gestion des terres et des eaux.

– Aux États-Unis, les programmes d’intendance dirigés par les tribus veillent sur des territoires allant de l’Alaska à la Virginie. Ces programmes, parfois appelés « programmes des gardiens » (Gardians), assurent la surveillance des espèces, la cogestion des territoires et la revitalisation des langues et de la culture. De nouveaux programmes voient le jour et nombre d’entre eux examinent la possibilité de mettre sur pied un réseau national afin d’appuyer les gardiens et de favoriser les échanges entre eux.

– Au Brésil, dans les territoires autochtones de Tumucumaque et Paru d’Este, des organisations comme Apitikaxi et Apiwa œuvrent à renforcer la gouvernance et la protection de leurs territoires par la création d’un fonds autochtone.

Voilà quelques-unes des nombreuses façons dont les peuples autochtones honorent leur responsabilité de gardiens des terres et des eaux.

Lors de la COP15, l’ILA a érigé le Village autochtone au centre-ville de Montréal afin de mettre en valeur le travail de maintien de la biodiversité réalisé par les peuples autochtones de la région, du Canada et du monde entier. Nous y avons présenté des modèles issus de nos territoires et célébré la reconnaissance croissante de la conservation et de l’intendance dirigées par les Autochtones.

Deux ans plus tard, le mouvement a pris de l’ampleur et davantage de terres, d’eaux et de communautés tirent parti du leadership exercé par les Autochtones sur le territoire. Nous apprenons les uns des autres et ensemble, notre force s’accroît. Lors du rassemblement à la COP16, nous offrirons cette source d’espoir pour l’avenir de notre planète. Comme espèce, notre survie dépend des mesures que nous mettrons de l’avant pour proposer des solutions adaptées et fructueuses.

Célébration en l’honneur des projets de conservation dirigés par les Autochtones du monde entier au Village autochtone, érigé par l’Initiative de leadership autochtone dans le cadre de la COP15 qui s’est tenue à Montréal en 2022.

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