La conservation dirigée par les Autochtones joue un rôle central à la Conférence sur les parcs

Par Valérie Courtois 

C'est dans les hauteurs des pics granitiques et dans les vallées glaciaires des Rocheuses que le Canada a créé en 1885 son premier parc national. Les représentants du gouvernement l'ont appelé Banff, du nom d’un district écossais, mais les Assiniboines, les Kootenay, les Pieds-Noirs et d'autres peuples autochtones qui ont été déplacés en raison du parc ont donné leur propre nom à la région – des terres qui ont fait vivre leurs familles et nourri leur culture.

Aujourd'hui, plus de 130 ans plus tard, Banff a l'occasion de raconter un récit différent sur le territoire. Cette semaine, la ville accueillera la Conférence canadienne sur les parcs 2017 et, pour la première fois lors d'un grand rassemblement sur les parcs, la conservation autochtone y jouera un rôle de premier plan.

Ce dialogue arrive à point nommé. Les nations autochtones du Canada veillent sur de vastes étendues de forêts anciennes et d'eaux cristallines. Pourtant, le Canada ne comptabilise pas toujours les aires protégées autochtones et les autres territoires conservés par les Autochtones dans le calcul des superficies protégées qui contribuent à l'atteinte des cibles nationales. Forger un plus grand nombre de partenariats entre les gouvernements autochtones et canadiens peut aider à obtenir cette reconnaissance.

Coucher de soleil dans la région du Dehcho. Grâce au programme d’intendance des K'ehodi du Dehcho, les gardiens autochtones veillent sur le territoire au nom de leurs communautés. Mention de source : Dahti Tsetso

Coucher de soleil dans la région du Dehcho. Grâce au programme d’intendance des K'ehodi du Dehcho, les gardiens autochtones veillent sur le territoire au nom de leurs communautés. Mention de source : Dahti Tsetso

Il sera avantageux pour tous de démontrer un plus grand respect de la conservation dirigée par les Autochtones. Cela aidera le Canada à atteindre ses cibles urgentes en matière de protection de la biodiversité et de réduction des émissions de CO2 en plus d’appuyer les nations autochtones dans l'affirmation de leur droit à définir leur avenir en tant que peuples et l’avenir de leurs territoires. Enfin, cela permettra à tous de bénéficier d'une eau plus propre, de forêts plus saines et d'un climat plus stable.

Les peuples autochtones veillent sur ce continent depuis des millénaires. Le colonialisme canadien a cherché à rompre les liens entre peuples autochtones et la terre en les expulsant de leurs territoires et en forçant des générations entières à fréquenter des pensionnats.

Mais nous sommes résilients. Notre devoir culturel envers la protection du territoire est plus fort que les traumatismes du colonialisme. C’est pour cette raison que les gardiens autochtones assurent l’intendance des territoires d’un bout à l’autre du pays. Les nations autochtones utilisent des outils modernes pour protéger les forêts, les bassins versants et la faune.

Les gouvernements autochtones participent à la création de nouveaux parcs nationaux et de nouvelles aires de conservation, des monts Torngat au Labrador à l’aire candidate de Thaidene Nene dans les Territoires du Nord-Ouest. Les nations autochtones appuient également la création d'aires de conservation reconnues à l'échelle internationale, comme la nouvelle réserve de biosphère Tsá Túé dans les Territoires du Nord-Ouest et le projet de site du patrimoine mondial Pimachiowin Aki au Manitoba et en Ontario.

De nombreuses nations autochtones définissent également des zones à protéger dans le cadre de processus d’aménagement du territoire. La totalité de la zone que la Première Nation de la rivière Poplar considère comme son territoire traditionnel est protégée par une loi provinciale qui interdit tout projet d’exploitation des ressources naturelles de grande envergure, et les Premières Nations du Dehcho des Territoires du Nord-Ouest adopteront sous peu une loi qui permettra de protéger environ 50 % de leur territoire.

En choisissant de reconnaître pleinement ces mesures et d’autres initiatives autochtones de conservation, le Canada pourrait devenir un véritable leader mondial de la conservation. Cette année, le Canada doit se préparer à respecter plusieurs engagements, notamment les objectifs relatifs au caribou et les cibles de la Convention sur la biodiversité. Le Canada peut satisfaire à ces normes, à condition de reconnaître pleinement les aires protégées autochtones.

La conférence sur les parcs qui se tient à Banff offre un espace pour discuter de ces possibilités. Dave Courchene, Jr., conseiller principal de l’ILA, prononcera le discours d’ouverture sur le thème « Le lien spirituel avec le territoire et la réconciliation ». Miles Richardson, conseiller principal de l'ILA prononcera un discours sur la prise en charge de la création et de la gestion des aires protégées par les communautés locales. Plusieurs autres panels, événements et ateliers mettront en vedette des leaders et des gardiens autochtones de partout au pays.

Ces conversations se dérouleront au pied de montagnes qui ont été enlevées aux peuples autochtones. C'est un pan inéluctable de l'histoire du Canada, mais nous envisageons un avenir meilleur. Nous croyons que les personnes qui veillent sur les parcs du Canada et celles qui s'occupent des territoires autochtones peuvent trouver un terrain d'entente. Et nous croyons que la véritable réconciliation commence sur le territoire.

 

« Les nations autochtones du Canada veillent sur de vastes étendues de forêts anciennes et d'eaux cristallines. »

 

« Les gouvernements autochtones participent à la création de nouveaux parcs nationaux et de nouvelles aires de conservation, des monts Torngat au Labrador à l’aire candidate de Thaidene Nene dans les Territoires du Nord-Ouest. »

 

« En choisissant de reconnaître pleinement ces mesures et d’autres initiatives autochtones de conservation, le Canada pourrait devenir un véritable leader mondial de la conservation. »

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Une nouvelle vidéo met en lumière le leadership des gardiens autochtones sur le territoire