Le Rassemblement national des gardiens célèbre la conservation dirigée par les Autochtones
Par Valérie Courtois
Les gardiens autochtones veillent sur les territoires partout au pays. Ils rétablissent les populations d’animaux et de plantes, gèrent des aires protégées et rassemblent les jeunes et les aînés en s’appuyant sur le savoir traditionnel et la science. Les gardiens sont les « mocassins et les mukluks » des communautés sur le territoire. Par leur travail, ils s’assurent que tous les Canadiens bénéficient d’eaux propres et de terres en santé.
Plus de 40 communautés autochtones participent à ces initiatives qui donnent des résultats. Et de nombreuses autres s’affairent à lancer leurs propres programmes. Un réseau national permettrait d’étendre cette forme d’intendance du territoire et de renouveler la relation de partenariat entre les nations autochtones et le gouvernement du Canada.
Les 12 et 13 mars prochains, plus de 300 gardiens, leaders et partenaires se réuniront à Vancouver pour discuter des prochaines étapes. Organisé conjointement par l’Initiative de leadership autochtone, l’Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique et Environnement et Changement climatique Canada, le Rassemblement des gardiens des Premières Nations 2019 présentera des recommandations en vue d’élargir le réseau des gardiens autochtones.
Le réseau prend forme – c’est un moment passionnant.
Les gardiens sont à l’avant-garde d’un mouvement – issu du territoire, des aînés et des jeunes – qui réclame un leadership des Autochtones à l’égard du territoire. De plus en plus, on reconnaît l’importance centrale du lien avec le territoire pour permettre aux Autochtones de renouer avec leur culture, de guérir des traumatismes et d’afficher un sentiment de fierté de leur identité. Les gardiens favorisent ce processus.
On peut imaginer la vitalité des territoires et des communautés lorsque des centaines de programmes des gardiens seront bien établis.
Promouvoir la création d’un réseau national
L’Initiative de leadership autochtone cherche à étendre les bénéfices des programmes des gardiens autochtones. Nous croyons que l’exercice de la responsabilité culturelle envers la protection du territoire renforce les communautés et permet d’affirmer résolument la nationalité autochtone.
Les communautés qui disposent de programmes des gardiens jouissent de terres et d’eaux en santé, telle que la forêt pluviale de Great Bear. Certaines d’entre elles, comme les Premières Nations du Dehcho, bénéficient également de nouvelles aires protégées, comme celle d’Edéhzhíe. Elles s’impliquent aussi très activement dans les projets d'exploitation des ressources. Par exemple, la nation innue surveille les activités de la plus importante mine de diamants au monde. Enfin, ces communautés, à l’instar de la Première Nation de Lutsel K’e, profitent de retombées positives pour la société, la culture et la santé publique.
Un financement à long terme des programmes des gardiens permettra d’accroître le nombre de nations autochtones qui profiteront de ces avantages. L’ILA a appuyé les efforts visant la création d’un réseau national. En 2015, l’Assemblée des Premières Nations a adopté une résolution favorable à cette proposition. Au Canada, le gouvernement fédéral a reconnu la force de cette approche et s'est engagé à octroyer 25 millions de dollars sur cinq ans à un projet pilote des gardiens autochtones.
Cet investissement marque un pas important en faveur de la réconciliation. Financer les programmes des gardiens autochtones – et honorer le droit des nations autochtones à gérer le territoire – permet de mettre en œuvre la réconciliation.
Une nouvelle approche en matière de partenariats de nation à nation
Le réseau national des gardiens présente l’occasion de repenser la façon dont les nations autochtones et le gouvernement du Canada collaborent en matière d’intendance.
Plutôt que de s’appuyer sur des programmes conçus par les gouvernements et mis en œuvre par les peuples autochtones, ce réseau encourage les deux parties à collaborer à titre de partenaires.
En septembre 2018, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et l’ILA ont formé le Groupe de travail conjoint Premières Nations – gouvernement fédéral du projet pilote des gardiens. Il comprend huit gardiens du savoir autochtones et quatre représentants du gouvernement fédéral. Lors du rassemblement de Vancouver, le groupe de travail conjoint proposera des critères de financement pour les programmes des gardiens, présentera un programme de formation et recommandera une structure pour le réseau national.
Veiller sur le territoire
Le rassemblement de Vancouver se déroulera sous le thème : « Prenons soin de la terre. Elle prendra soin de nous. » Les résultats des programmes des gardiens démontrent la justesse de cette affirmation.
Mais nous savons qu’il est possible d’aller encore plus loin.
Un financement à long terme des programmes des gardiens outillera encore plus de communautés. Un plus grand nombre de gens façonneront l'avenir de leurs nations, et davantage de terres et d'eaux seront gérées dans l'intérêt de tous