La conservation dirigée par les Autochtones : créer des emplois et stimuler la croissance économique

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INITIATIVE DE LEADERSHIP AUTOCHTONE

La conservation dirigée par les Autochtones a déjà fait ses preuves : elle génère des emplois bien rémunérés, stimule l’investissement dans les économies régionales et apporte une plus grande certitude économique aux acteurs de l’industrie. En même temps, elle aide le Canada à respecter ses engagements en matière de conservation de la nature, de lutte contre les changements climatiques et de réconciliation. À l'heure actuelle : 

  • Une soixantaine de programmes des gardiens autochtones sont en vigueur dans tout le pays. Les gardiens sont des experts formés qui veillent à la protection des territoires et des valeurs culturelles, en plus de surveiller les activités d’exploitation des ressources naturelles.

  • Trois nouvelles aires protégées et de conservation autochtones (APCA) ont vu le jour depuis 2018 et 27 autres sont en cours d’élaboration, avec le soutien du Fonds de la nature du Canada. Les ACPA assurent la vitalité des territoires et protègent la qualité de l'eau. En outre, elles permettent de renforcer les droits et les responsabilités des Autochtones, ce qui représente une application moderne des valeurs traditionnelles, des lois et des systèmes de connaissances autochtones.

De nombreuses autres nations autochtones ont proposé l’établissement d’ACPA et mis sur pied des programmes des gardiens. Des investissements supplémentaires fédéraux dans les programmes des gardiens autochtones et dans les ACPA créeront de nouveaux emplois, généreront des possibilités d’affaires tout en bâtissant des économies plus robustes.

Les programmes des gardiens autochtones créent de l’emploi 

Les programmes des gardiens offrent des emplois bien rémunérés et génèrent des retombées importantes dans les communautés de petite taille – chaque emploi subvient aux besoins des membres d’une famille en plus de soutenir l'achat local. 

  • Au nord-ouest de Yellowknife, la communauté de K’asho Got’ıne a embauché en mars 2019 sept gardiens pour effectuer des recherches sur les espèces sauvages en collaboration avec des scientifiques fédéraux et des T.N.-O.

  • Le programme des gardiens de la Première Nation des Dénés de Łutsël K’e compte dix employés en été et quatre en hiver, ce qui génère des retombées importantes pour une communauté de 300 habitants.

  • Les Premières Nations du Dehcho prévoient quant à elles embaucher 23 gardiens cette année.

Les aires protégées et de conservation autochtones favorisent l’investissement régional 

De nombreux gardiens gèrent conjointement des ACPA et leur travail stimule les dépenses à l’échelle locale et régionale.

  • En 2019, la Première Nation des Dénés de Łutsël K’e (PNDLK) a dirigé la création de l’aire protégée autochtone de Thaidene Nëné, l’une des plus vastes au pays. L’hiver dernier, la PNDLK a dépensé 500 000 $ pour l’achat d’embarcations, de motoneiges et d’autres équipements nécessaires à la gestion conjointe de l’aire protégée. Elle s’est procuré ces équipements à Yellowknife, où des entreprises locales assureront leur entretien et leur réparation.

  • Les Premières Nations du Dehcho ont mené les efforts pour l'établissement de l’aire protégée et réserve nationale de faune Edéhzhíe, créée en 2018 et gérée conjointement par plusieurs gardiens. Par ailleurs, d’importants investissements dans l’équipement et les infrastructures sont attendus en 2020, ce qui injectera plus d’argent dans les entreprises des T.N.-O.

Une certitude économique pour l’industrie 

Les gardiens participent à l’aménagement du territoire, un processus qui permet de déterminer les zones à protéger et celles pouvant faire l’objet de projets d’exploitation des ressources. Ils travaillent aussi avec les représentants de l’industrie et les responsables de la réglementation pour mettre en place à faible coût une surveillance au niveau local. 

  • Au Labrador, les gardiens Minaskuat Kanakuataku de la nation innue surveillent la mine de Voisey's Bay – la plus grande mine de nickel au monde. Ils supervisent également les pêcheries, en collaboration avec Pêches et Océans Canada, et gèrent conjointement les forêts avec le ministère provincial responsable.

  • Les gardiens du programme du Dehcho K’ehodi ont surveillé les travaux de réparation d’un pipeline de la compagnie Enbridge qui passe sous le fleuve Mackenzie près de Fort Simpson.

  • En cette période où les déplacements sont de plus en plus limités, les gardiens deviendront des partenaires incontournables de l’industrie et du milieu universitaire dans la surveillance et la recherche sur le terrain.

L’importance de préparer dès maintenant la reprise dans le secteur du tourisme

De nombreux experts prévoient qu’à l’après-COVID-19, les voyages nationaux seront plus fréquents que les voyages internationaux, tout comme le tourisme axé sur la nature, permettant de maintenir une distanciation physique. 

  • La création de nouvelles ACPA gérées par les gardiens jette les bases d’une foule de nouvelles possibilités d'affaires pour les entreprises autochtones et les communautés où elles mènent leurs activités. Les ACPA offrent également des expériences touristiques plus variées et attirent dans ces régions une nouvelle clientèle provenant de divers horizons.

  • Le Conseil des Dénés Kaska travaille avec plus d'une douzaine de guides de pourvoirie, y compris des entreprises appartenant à des Kaska, sur des plans d'exploitation dans l’aire protégée candidate autochtone des Dénés K'éh Kusān dans le nord de la Colombie-Britannique. On estime de manière prudente que les services de guides dans le territoire des Dénés de K'éh Kusān génèrent entre 6 et 7 millions de dollars par année.

Le rendement de l’investissement sous forme de retombées sociales, économiques et environnementales

En plus de créer des emplois dans l’immédiat qui stimulent la croissance économique locale et régionale, l’investissement dans les programmes des gardiens autochtones et dans les ACPA engendre des économies pour les gouvernements et les contribuables.

  • Le gouvernement australien a investi plus de 1,5 milliard de dollars dans les aires protégées autochtones et les programmes des rangers autochtones. Les études démontrent que chaque dollar investi conjointement dans les aires protégées autochtones et les programmes des rangers génère 3 $ en avantages sociaux, économiques et culturels, ce qui comprend une diminution des dépenses en matière d’aide au revenu, de coûts liés à la santé et de frais de justice.

  • Au Canada, des chercheurs ayant adopté une méthode semblable afin d’évaluer deux programmes des gardiens dans les T.N.-O. ont conclu que le rendement social des programmes des gardiens autochtones dans les T.-N.-O. s’établissait à 2,50 $.

Une approche à faible coût pour le respect des engagements du Canada

Les ACPA constituent l’approche la plus rentable pour permettre au Canada d’atteindre ses objectifs nationaux et internationaux en matière de conservation, y compris son engagement à protéger 25 % des terres et des eaux d’ici 2025 et 30  % d’ici 2030.

  • Le respect des plus récents engagements du Canada exigera un élargissement sans précédent des mesures de conservation au pays. Les APCA constituent la solution la plus ambitieuse pour protéger de vastes étendues de territoires vierges.

  • La conservation dirigée par les Autochtones représente une approche à faible coût pour l’établissement et la gestion des aires protégées, notamment lorsqu’on la compare aux approches de conservation des terres ou lieux privés convoités par l’industrie.

  • De nombreuses ACPA sont également d’immenses puits de carbone. La communauté de Deline a soumis une proposition visant à protéger le bassin versant du Grand lac de l'Ours qui retient plus de 4,5 milliards de tonnes de carbone organique du sol, soit l'équivalent de plus de 20 ans d'émissions industrielles annuelles de GES au Canada.


 
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