« Plus forts ensemble » : l’appui grandissant en faveur des Gardiens

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Par Dahti Tsetso

Lorsque des centaines de gardiens se rassemblent, l’énergie et le savoir qui émanent sont palpables—même par Zoom. Pendant quatre jours, au début du mois de juin, le Rassemblement des gardiens des Premières Nations 2021 a convié des gardiens à une série de discussions sur l'intendance, la nationalité autochtone et le pouvoir de guérison du territoire. Plus de 600 participants inscrits se sont joints à l'événement et 10 000 personnes ont visionné l'événement public de lancement sur Facebook Live.

Cette rencontre nous a tous fait beaucoup de bien.

Au cours d'un cercle de partage, William Alger, gardien de l’aire protégée d’Edéhzhíe de la région du Dehcho dans les Territoires du Nord-Ouest, a expliqué à quel point il est inspirant d'apprendre des autres gardiens. Il souhaite que d'autres peuples de partout au pays vivent une expérience de la sorte. « Avec un peu de chance, nous serons reconnus à l'échelle nationale, a-t-il dit, car les gardiens sont là pour de bon, et c'est à nous de briller ».

L'Initiative de leadership autochtone (ILA) est fière d'avoir organisé cet événement et de contribuer à faire progresser cette reconnaissance nationale. Lors de notre premier Rassemblement en 2016, on comptait une trentaine de programmes à l'échelle du pays. Aujourd’hui, plus de 70 programmes des gardiens sont en activité, et 25 projets sont en cours d'élaboration. De plus, 60 000 personnes ont souscrit à la campagne des Gardiens pour la terre, qui réclame un financement à long terme des programmes des gardiens.

Ce mouvement prend de l’ampleur.

On compte davantage de gardiens sur le territoire, où ils veillent sur les terres et les eaux dont nous dépendons tous. Les gardiens rassemblent les jeunes et les aînés, préservent nos langues et nos cultures, aident les nations autochtones à définir l’avenir de leurs territoires en plus de veiller à ce que le Canada respecte ses engagements en matière de conservation et de lutte aux changements climatiques.

Le Rassemblement a permis de célébrer le travail accompli par les gardiens au nom de nos communautés, de nos nations et du Canada. Plusieurs leaders autochtones ont pris la parole, dont la grande chef adjointe du Gouvernement de la Nation crie, Mandy Gull, et l’honorable Ethel Blondin-Andrew. « Je suis vraiment fière de faire partie du mouvement des gardiens, a déclaré Mme Blondin-Andrew. Nous sommes à l’image des corbeaux. Nous veillons sur la Terre, telles des sentinelles. Nous restaurons les territoires tout en nous amusant. »

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Durant l'événement, des dirigeants des gouvernements fédéral et provinciaux ont manifesté leur appui envers les gardiens. L’honorable Jonathan Wilkinson, ministre d’Environnement et Changement climatique Canada, a déclaré : « Les gardiens apportent une contribution essentielle à l’avenir du Canada, tant pour la protection de la nature qu’au chapitre du renouvellement de la relation avec les peuples autochtones ». Par l’entremise d’un message préenregistré, le premier ministre de la C.-B., John Horgan, a annoncé la mise sur pied d’un processus de mobilisation visant à explorer la façon dont la province et les Premières Nations peuvent travailler ensemble à l’expansion des programmes des gardiens.

Le Rassemblement a permis de confirmer à maintes reprises l’importance de cette contribution. Amberly Quakegesic, du programme Wahkohtowin, a déclaré : « Nous avons tous besoin d'air pur à respirer, d'eau propre à boire et d'aliments sains pour nous nourrir. Nous devons protéger ce qui compte le plus. Et c’est ce que font les programmes des gardiens ».

La guérison sur le territoire

Le Rassemblement a débuté quelques jours seulement après la découverte de 215 enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat de Kamloops, un événement qui bouleverse toutes nos communautés. Nous vivons nos propres moments de deuil, privés et collectifs, et le fait d’être réunis à l’occasion du Rassemblement nous a apporté un baume de guérison.

En entendant les gardiens parler de leur lien avec le territoire et de la fierté qu'ils éprouvent à l'égard de la culture et du savoir autochtones, c’était comme si nous nous réapproprions ce que ces écoles ont essayé de nous voler. C'était exaltant de célébrer le savoir et les relations qui sont au cœur de notre identité en tant que peuples autochtones. Comme l'a dit Angus Ekenele, aîné déné de la région du Dehcho, lors de la cérémonie d'ouverture, « Nous ne voyons peut-être pas nos ancêtres ici, mais ils sont à nos côtés ».

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Renforcer nos nations et établir des réseaux

Les programmes des gardiens jouent un rôle essentiel dans la guérison de nos nations. Ils les rendent plus fortes. Ces programmes donnent la priorité aux systèmes de connaissances autochtones, créent des opportunités économiques ancrées dans nos cultures et permettent d’honorer notre responsabilité à l’égard de la protection des territoires. De nombreux gardiens ont parlé de l'importance que des membres des communautés soient présents sur le territoire; qu’ils portent des uniformes et représentent leur nation. Miles Richardson, leader principal de l’ILA, a mis l’accent sur ce lien, affirmant que les gardiens sont un outil qui permet aux nations d'affirmer leurs lois et leur vision. « Pour décoloniser votre programme, il doit s’inspirer des lois de votre propre nation et veiller à leur application ».

Il a fait une présentation sur le Réseau national des gardiens, qui favorisera la création de liens entre les gardiens et appuiera la formation et le partage des connaissances. Le réseau fournira de l’aide au lancement de nouveaux programmes afin d’atteindre l’objectif de 400 programmes des gardiens au pays. Valérie Courtois, directrice de l'ILA, explique : « Notre vision pour le réseau est que les nations disposent des gardiens dont elles ont besoin, quand elles en ont besoin ».

Les jeunes gardiens affirment leur leadership

Le thème du Rassemblement reprenait cette phrase des Dénés Zhati Zhundaa Gogha Ełehé Ats’et’ı̨, qui signifie « Ensemble pour l’avenir ». L'avenir était présent dans nos esprits tout au long de la semaine dans nos échanges portant sur les changements climatiques et les liens culturels. Mais, plus important encore, une nouvelle génération de leaders ont suscité un vent d’espoir et un sentiment que le changement est possible.

L’événement a mis en lumière la contribution des programmes des gardiens au développement du  leadership. Par exemple, de jeunes gardiens ont projeté des vidéos qu'ils ont eux-mêmes réalisées et qui témoignent de la puissance des récits racontés selon une perspective autochtone. Et de jeunes experts ont décrit la façon dont leurs nations œuvrent à la création d'aires protégées et de conservation autochtones.  

« Je suis très heureuse et reconnaissante de faire partie de cette nouvelle génération de défenseurs du territoire », a déclaré Shauna Yeomans-Lindstrom, membre de l’équipe des gardiens de la Première Nation des Tlingit de Taku River. « Je discute souvent avec ma grand-maman et j'ai l'impression qu'elle m’a transmis ce flambeau, que j'assume cette responsabilité. Et c'est vraiment palpitant. »

Je pense que tous ceux qui ont entendu ces jeunes voix partagent l'avis de Valérie Courtois, qui leur a dit : « Grâce à vous, l'avenir de ce pays est entre bonnes mains ».

Merci à tous les gardiens, leaders et alliés qui ont participé au Rassemblement des gardiens des Premières Nations 2021 . Nous sommes impatients de participer à un prochain rassemblement.

Restez branchés : À l’intention de ceux qui n’ont pu participer à l'événement en juin, nous mettrons bientôt en ligne les vidéos de tous les ateliers en grand groupe du Rassemblement.

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