Biden et Trudeau appellent à soutenir la conservation dirigée par les Autochtones

Par Valérie Courtois

 À l’occasion de leur première rencontre officielle cette semaine, le président Biden et le premier ministre Trudeau ont souligné le leadership des nations autochtones. Leur déclaration mentionne que « le premier ministre et le président se sont accordés pour être partenaires dans la protection de la nature, notamment en soutenant les efforts de conservation dirigés par les peuples autochtones ».  Ils ont aussi reconnu l’importance de travailler avec les peuples autochtones afin de « mettre en œuvre des solutions climatiques et de protéger la nature ».

 Les peuples autochtones veillent sur ce continent depuis des millénaires. Malgré des générations de colonialisme, ils ont toujours honoré leur responsabilité culturelle envers le territoire. À la lumière de cette histoire, le message des dirigeants du Canada et des États-Unis, qui rend hommage au leadership autochtone et reconnaît la contribution des Autochtones à la santé de la planète et à l'avenir de l'humanité, résonne puissamment. Les forces du colonialisme s’affaiblissent et nos nations se reconstruisent, ouvrant la voie à un avenir commun plus florissant.

Les résultats positifs des initiatives de conservation dirigées par les Autochtones gagnent en visibilité dans les plus hautes sphères gouvernementales. Les chefs de gouvernement se rendent compte que les partenariats avec les Autochtones sont indispensables à l’atteinte de leurs objectifs en matière de changements climatiques et de protection de la biodiversité.

Les gardiens dénés Ni Hat’ni veillent sur Thaidene Nëné, l’une des plus vastes aires protégées en Amérique du Nord. Photo : Pat Kane

Les gardiens dénés Ni Hat’ni veillent sur Thaidene Nëné, l’une des plus vastes aires protégées en Amérique du Nord. Photo : Pat Kane

Les nations autochtones sont à la tête des plans les plus ambitieux en matière de conservation du territoire. À titre d'exemple, en 2019, la Première Nation dénée de Lutsel K'e a dirigé la création de Thaidene Nëné, l’une des plus vastes aires protégées en Amérique du Nord. En 2018, les Premières Nations du Dehcho ont adopté une loi pour créer l’aire protégée autochtone et réserve nationale de faune d’Edéhzhíe de la région du Dehcho qui couvre 14 249 kilomètres carrés de terres en santé et d’eaux propres dans les Territoires du Nord-Ouest. Des dizaines d’autres Premières Nations ont proposé la création d’aires protégées et de conservation autochtones.

 C’est en soutenant le leadership autochtone que le Canada peut atteindre de la façon la plus efficace son objectif de conserver 25 % des terres et des eaux au pays d’ici 2025, puis 30 % d’ici 2030.

 La plupart de ces ACPA se trouvent dans la forêt boréale, qui retient profondément dans son sol, dans ses milieux humides et dans ses tourbières près de 12 pour cent des réserves mondiales de carbone terrestre. Les ACPA permettent de veiller à ce que ce carbone reste stocké en toute sécurité dans le sol au lieu d'être libéré dans l'atmosphère et d’accélérer les changements climatiques.

Cinq propositions d’ACPA permettront à elles seules de protéger 8,5 milliards de tonnes de carbone dans la forêt boréale – l'équivalent de près de 40 ans d’émissions industrielles annuelles de gaz à effet de serre.

Les nations autochtones assurent la pérennité de ces terres d’importance mondiale. Leur approche de gestion est fondée sur les lois autochtones, le savoir traditionnel et la responsabilité culturelle. L’intendance autochtone génère des emplois bien rémunérés et des possibilités économiques, en plus de donner de l'espoir à nos jeunes de rendre nos communautés plus fortes.

Nous prenons soin de la terre, et la terre prend soin de nous.

De nombreuses recherches le confirment : les terres gérées par les peuples autochtones sont plus vivantes et mieux préservées. C’est aussi le constat d’un nombre croissant de chefs d'entreprises. Aussi, plus de 50 000 personnes de partout au Canada ont souscrit à la campagne des Gardiens pour la terre qui réclame davantage de gardiens sur le territoire.

L’Assemblée des Premières Nations du Dehcho a adopté en 2018 la loi dénée qui a donné naissance à l’aire protégée Edéhzhie du Dehcho. Photo : Amos Scott

L’Assemblée des Premières Nations du Dehcho a adopté en 2018 la loi dénée qui a donné naissance à l’aire protégée Edéhzhie du Dehcho. Photo : Amos Scott

Le premier ministre Trudeau et le président Biden ont souligné l’importance de la conservation dirigée par les Autochtones dans leur première déclaration commune. Nous sommes impatients de voir cet engagement du Canada se refléter dans le Budget de 2021. En investissant à long terme dans les ACPA et dans les programmes des gardiens, le Canada peut passer des paroles à l'action et atteindre ses cibles en matière de changements climatiques et de conservation.  

Nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle. La déclaration du président et du premier ministre survient le jour même de l'assermentation de la députée Deb Haaland à titre de secrétaire à l'Intérieur des États-Unis, la première personne autochtone à occuper ce poste. De la nation Zuni à la Première Nation des Dénés de Łutsël K’e, de Washington, D.C. à Ottawa, les peuples autochtones prennent les devants et proposent des solutions aux défis de notre temps.

La conservation dirigée par les Autochtones est un cadeau pour la planète, et il est reçu avec de plus en plus de respect et de reconnaissance.




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