Au cœur de la forêt boréale, les nations autochtones obtiennent qu’un site soit désigné patrimoine mondial de l’UNESCO

Par Valérie Courtois

Au nord de Winnipeg et à l'est de la frontière entre le Manitoba et l'Ontario, une étendue de forêt boréale se déploie sur des dizaines de milliers de kilomètres. On l’appelle Pimachiowin Aki — la terre qui donne la vie. On y retrouve des troupeaux de caribous forestiers, des chaînes de lacs d’eau cristalline et des terres humides peuplées d’oiseaux. Le peuple anishinaabe a toujours su que cet endroit était spécial. Grâce à ses efforts soutenus, le monde entier découvrira lui-aussi ce joyau.

L’UNESCO a désigné Pimachiowin Aki « Site du patrimoine mondiale », reconnaissant ainsi la valeur exceptionnelle de son patrimoine culturel et naturel.

Mention de source : Don Sullivan

Mention de source : Don Sullivan

Nous sommes heureux de cette marque de reconnaissance envers la conservation dirigée par les Autochtones. Les peuples autochtones prennent soin de ces terres depuis plus de 7 000 ans. Si la forêt, les eaux et les animaux ont pu prospérer, c'est en partie grâce à la tradition anishinaabe de Ji-ganawendamang Gidakiiminaan (conserver la terre) — un système de valeurs, de connaissances et de pratiques qui guide les peuples autochtones dans leur relation avec le territoire et qui témoigne d’un profond respect envers tout ce qui existe.

Conformément à leur culture de conservation et pour assurer la pérennité des territoires, quatre Premières Nations anishinaabe — Bloodvein River, Little Grand Rapids, Pauingassi et Poplar River — ont entrepris de se doter d’un nouvel outil : elles ont soumis la candidature de Pimachiowin Akin au titre de site du patrimoine mondial. Pendant plus de dix ans, elles ont naviguer le processus complexe de mise en candidature, en collaboration avec les gouvernements du Manitoba et de l'Ontario et d'autres partenaires.

Leur soumission de candidature a influencé la manière dont les sites du patrimoine mondial sont évalués. La plupart des sites sont reconnus pour leur valeur culturelle ou naturelle, mais l'organisme consultatif de l'UNESCO, l'Union internationale pour la conservation de la nature, a noté que Pimachiowin Aki « a favorisé le développement d’une approche conjointe qui tient compte de l’interrelation entre la nature et la culture » dans la désignation des sites mixtes du patrimoine mondial. Cette nouvelle approche intègre la conception autochtone selon laquelle l'homme et la nature sont inséparables.

Pimachiowin Aki est le premier site mixte culturel et naturel du patrimoine mondial au Canada.

Ce résultat, qui est l'aboutissement d’une démarche menée par les Autochtones, témoigne des approches novatrices mises de l’avant par les nations autochtones pour veiller sur le territoire Il démontre aussi que ce type de leadership peut aider le Canada à respecter ses propres engagements en matière de conservation.

Le Canada s'est engagé à protéger au moins 17 % des terres d'ici 2020 dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. Il peut atteindre cet objectif en s’associant aux peuples autochtones qui créent et gèrent aujourd’hui des parcs nationaux et des aires protégées partout au pays. En travaillant ensemble, nous pouvons protéger ces terres d’importance mondiale.

Les quatre Premières Nations se préparent à lancer un programme des gardiens autochtones gérer cette aire protégée. En s'appuyant sur les traditions culturelles et de la science occidentale, ils veilleront à ce que ce territoire reste bien vivant pour très longtemps encore.

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Les Premières Nations du Dehcho créent une aire protégée autochtone qui permet au Canada de se rapprocher de ses objectifs en matière de conservation

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