Reconstruire, en mieux : l’intendance autochtone est une pierre angulaire d’économies plus robustes
En cette période de pandémie, les forêts gérées par les nations autochtones peuvent grandement aider le Canada à bâtir une économie plus durable. Ces forêts captent et retiennent de grandes quantités de carbone. Le bassin versant du Grand lac de l'Ours – géré par les Dénés Sahtúgot’ine dans les Territoires du Nord-Ouest – retient à lui seul l’équivalent de 34 années d’émissions industrielles au Canada.
En veillant à ce que des forêts comme celles-ci restent en santé, on crée des emplois et une prospérité à long terme dans les communautés du Nord. Cela aide également le Canada à respecter ses engagements internationaux en matière de climat et de conservation.
« Nous pouvons parler de rétablissement de la faune et de plantation de nouveaux arbres, a déclaré Valérie Courtois, directrice de l'Initiative de leadership autochtone, lors d'une récente table ronde sur la relance verte, organisée par Corporate Knights. Mais d’abord et avant tout, nous devons retenir le carbone dans le sol ».
La table ronde « Mieux reconstruire l'économie grâce aux forêts » fait partie d'une série d’événements organisés par Corporate Knights visant à rassembler des leaders d'opinion de divers secteurs pour discuter de la façon dont le Canada peut créer une économie plus forte, plus propre et plus résiliente.
Pour contrer les changements climatiques, la forêt boréale du Canada constitue l'une des solutions fondées sur la nature les plus efficaces qui soient. Elle retient l'équivalent de 36 années d’émissions mondiales de carbone issues de combustibles fossiles. Les nations autochtones sont des acteurs de premier ordre de la protection de ce puits de carbone boréal.
« Les peuples autochtones au Canada sont à l’avant-garde du mouvement de conservation de la nature, a déclaré Courtois. Plus de 90 % des nouvelles aires protégées au Canada sont gérées ou cogérées par les peuples autochtones. En fait, si le Canada souhaite atteindre son objectif de protéger 17 % des terres au pays d’ici 2020, ce qu’il s'est engagé à faire sur la scène internationale, il devra établir des partenariats avec les peuples autochtones. Et nous sommes prêts à collaborer ».
De nombreuses nations autochtones élaborent des plans d’aménagement du territoire qui définissent les zones à protéger et celles où des projets d'exploitation des ressources peuvent être envisagés. Les gardiens autochtones participent à l'élaboration de ces plans et à leur mise en œuvre sur le terrain. Les gardiens sont des experts locaux qui assurent une bonne gestion des forêts, surveillent les effets des changements climatiques et rétablissent les populations d’animaux et de plantes. Les gardiens travaillent également avec des représentants de l’industrie et les responsables de la réglementation à la surveillance des sites miniers et des autres projets d’exploitation des ressources.
« Comme je le dis souvent, les gardiens sont en quelque sorte les mocassins et les mukluks des communautés sur le territoire. Ils prennent soin des forêts et du territoire au profit de tous », explique Courtois.
Les programmes des gardiens fournissent des emplois bien rémunérés et génèrent d'importantes retombées sous forme d'achat d’équipement auprès de commerçants locaux. Les études démontrent que les programmes des gardiens affichent un excellent rendement social de l’investissement : chaque dollar investi dans l’intendance autochtone génère environ 3 $ en avantages sociaux, culturels et économiques.
En plaçant la gestion autochtone des terres au cœur de la relance de l'économie canadienne, ces retombées pourront s’étendre à la grandeur du pays. Une telle approche proposera par ailleurs un modèle de création de richesse durable et équitable et qui rend les communautés plus fortes tout en prenant soin de la nature et en attuénuant les effets des changements climatiques.
Courtois renchérit : « La présence des gardiens permet d'établir de meilleures relations avec les promoteurs, les utilisateurs du territoire et les autres Canadiens. Pour moi, cela illustre parfaitement la façon dont la réconciliation peut se traduire en actions concrètes ».