Les nations autochtones au Canada créent un nouveau modèle de conservation
12 août 2021 | L’INITIATIVE DE LEADERSHIP AUTOCHTONE
Au Canada, les nations autochtones sont à l’origine des initiatives les plus ambitieuses en matière de protection des territoires. Les gardiens font partie d'un mouvement plus large de conservation dirigée par les Autochtones – un mouvement qui redéfinit les relations entre les gouvernements autochtones et les gouvernements canadiens ainsi que le lien entre les peuples et le territoire.
La conservation à grande échelle : les aires protégées et de conservation autochtones
De nombreuses nations autochtones s’affairent à créer des aires protégées et de conservation autochtones (APCA).
Les nations autochtones définissent les APCA au terme d’un long processus de planification communautaire.
Ces aires protégées redonnent une place centrale aux droits et aux responsabilités des Autochtones à l'égard du territoire.
Elles prennent appui sur lois autochtones et sur le lien traditionnel au territoire des peuples autochtones.
Plusieurs aires protégées et de conservation autochtones (APCA) ont vu le jour depuis 2018, dont :
L’aire protégée autochtone et réserve nationale de faune d’Edéhzhíe de la région du Dehcho : 14 249 km2 de forêt boréale située dans les Territoires du Nord-Ouest, soit deux fois la taille du parc national de Banff.
L’aire protégée autochtone de Thaidene Nëné : 26 376 km2 de forêt et de toundra située dans les T.N.-O., ce qui en fait l’une des plus vastes aires protégées en Amérique du Nord.
Beaucoup d’autres nations travaillent à des projets d’APCA. Plus de 25 propositions ont été financées par le gouvernement fédéral qui a également financé plus de 20 projets de développement des capacités en 2019 dans le cadre de la stratégie du Canada pour l'atteinte de ses objectifs en matière de biodiversité.
Le Conseil des Dénés Kaska s'efforce de protéger la plus grande zone intacte de la Colombie-Britannique – d’une superficie équivalente à celle de la Suisse – afin de soutenir la culture Kaska, de créer des emplois et de protéger les espèces menacées.
Dans le nord du Manitoba, quatre Premières Nations et leurs voisins inuits s'affairent à protéger le bassin hydrographique de la rivière Seal, un territoire de la taille du Costa Rica, afin que la prochaine génération puisse s'adonner aux pratiques traditionnelles et devenir gardiens des terres et des eaux.
Assurer une intendance continue du territoire grâce aux programmes des gardiens autochtones
Les gardiens autochtones travaillent à protéger les terres et les eaux au nom de leur nation.
Les gardiens sont des experts formés qui gèrent les aires protégées, rétablissent les populations de la faune et de la flore, analysent la qualité de l’eau et surveillent les projets d’exploitation des ressources.
Il existe plus de 70 programmes des gardiens en activité sur les territoires et 25 autres sont en cours d’élaboration.
Des études le confirment : les programmes des gardiens génèrent des retombées et un rendement de l’investissement positifs.
Une étude commandée par le ministère du premier ministre et du Cabinet de l’Australie révèle que chaque dollar investi dans les programmes de rangers autochtones et dans les aires protégées autochtones génère jusqu’à 3 $ sous forme d’avantages sociaux, économiques et culturels.
Au Canada, les programmes des gardiens produisent des résultats similaires. Une étude portant sur deux programmes créés dans les Territoires du Nord-Ouest démontre que chaque dollar investi génère 2,50 $ sous forme d’avantages sociaux, économiques et culturels.
La demande de programmes des gardiens a continué d'augmenter après l’octroi d’un premier financement fédéral.
Le budget fédéral de 2018 a consenti un investissement initial de 25 millions de dollars sur cinq ans pour la création et l’élargissement de programmes des gardiens et pour la mise en place des assises d'un réseau national des gardiens.
Le nombre de programmes des gardiens a presque triplé depuis 2016, et la demande continue de croître : le programme pilote initial a été constamment sursouscrit, les demandes éclipsant les fonds disponibles.
On observe un profond changement dans la façon dont les nations autochtones et le gouvernement du Canada collaborent :
Dans le cadre du financement de 2018, l'Initiative de leadership autochtone et ECCC ont créé le Groupe de travail conjoint pilote du gouvernement fédéral et des Premières Nations sur les gardiens, lequel groupe comprend huit gardiens du savoir autochtones et quatre représentants fédéraux.
Plutôt que de s’appuyer sur des programmes destinés aux Autochtones, mais conçus et mis en œuvre par les gouvernements, cette initiative est dirigée par les Autochtones. Elle encourage les deux parties à collaborer à titre de partenaires.
Le Groupe de travail conjoint a établi des critères pour le financement futur des programmes des gardiens, élaboré un cadre de formation et proposé une structure pour le réseau national.
Il a été convenu que le Groupe de travail conjoint servirait de mécanisme provisoire en vue de la création du Réseau national des gardiens des Premières Nations.
La clé permettant de respecter l’engagement de protéger 30 % du territoire d’ici 2030
Le Canada se rallie progressivement aux ambitions des Autochtones en matière de protection des terres et des eaux. Le pays s'est engagé à protéger 30 % des terres d’ici 2030 afin de freiner la disparition des espèces animales et végétales.
Le premier ministre Justin Trudeau et l’honorable Jonathan Wilkinson, ministre d’Environnement et Changement climatique Canada, ont souligné à maintes reprises l’importance des partenariats avec les peuples autochtones dans l'atteinte des objectifs du Canada.
En 2019, le gouvernement fédéral a financé plus de 25 propositions d’APCA dans le cadre de son plan visant à honorer ses engagements en matière de biodiversité.
Le budget fédéral 2021 a investi 2,3 milliards de dollars dans la conservation de la nature et a expressément fait mention des gardiens en plus d’affirmer que les APCA sont un élément essentiel de la stratégie du Canada visant à atteindre son objectif, qui consiste à protéger 25 % du territoire d'ici 2025.