La conservation de la forêt boréale par les Autochtones est la clé du leadership en matière de climat
La forêt boréale au Canada : un bouclier géant contre les changements climatiques
La forêt boréale constitue en quelque sorte un bouclier géant dans la lutte contre les changements climatiques. Et comme c'est aussi la plus grande forêt intacte de la planète, elle retient profondément dans son sol une immense quantité de carbone.
La forêt boréale du Canada emmagasine environ 12 % des réserves de carbone terrestre, soit l'équivalent de 36 années d'émissions mondiales de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles.
La forêt boréale contient deux fois plus de carbone au km2 que les forêts tropicales du monde.
Dans la plupart des forêts, ce sont les plantes et les arbres vivants qui emmagasinent le carbone. Mais la forêt boréale présente un avantage par rapport les forêts tropicales : le stockage à long terme. Quatre-vingt-quinze pour cent du carbone de la forêt boréale se trouve dans le sol, les tourbières et le pergélisol qui, de leur côté, emmagasinent le carbone pendant des milliers d'années.
La forêt boréale canadienne représente 25 % des forêts encore intactes dans le monde, soit plus que la forêt pluviale de l’Amazonie. Si nous protégeons de vastes territoires, nous pourrons retenir ce carbone et aider la communauté mondiale à atténuer la menace que posent les changements climatiques non maîtrisés.
La conservation dirigée par les Autochtones protège d'importants puits de carbone
Les nations autochtones sont à l’avant-plan des initiatives les plus ambitieuses en matière de conservation du territoire au Canada, y compris celles visant des puits de carbone qui sont parmi les plus imposants de la région boréale.
À l'ouest de la baie d'Hudson, par exemple, quatre Premières Nations ont uni leurs efforts à ceux de leurs voisins inuits pour proposer la création de l’aire protégée autochtone du bassin versant de la rivière Seal. Le bassin versant contient 1,7 milliard de tonnes de carbone, soit l’équivalent de 8 années d’émissions de GES au Canada, et de près de 70 années d'émissions annuelles produites par les voitures et les camions légers du Canada (niveaux de 2018).
Le mouvement prend de l’ampleur
Les nations autochtones ont mené la création de la majorité des nouvelles aires protégées au Canada ces dernières années, notamment l’aire protégée et réserve nationale de faune Edéhzhíe de la région du Dehcho en 2018 et l’aire protégée autochtone de Thaidene Nëné en 2019.
De nombreuses autres nations s’affairent à créer des aires protégées et de conservation autochtones (APCA).
Plus de 25 propositions ont reçu des fonds du gouvernement fédéral et plus de 20 projets de développement des capacités ont été financés en 2019 dans le cadre de la stratégie adoptée par le Canada pour respecter ses engagements en matière de biodiversité.
En août 2021, le gouvernement du Canada a annoncé l’octroi de 340 millions de dollars de nouveaux fonds sur cinq ans pour soutenir la conservation et l'intendance dirigées par les Autochtones, dont plus de 173 M$ pour les programmes des gardiens autochtones et plus de 166 M$ pour les APCA.
La recherche et la surveillance climatiques dirigées par les Autochtones
L’intendance autochtone des terres ne se limite pas à la conservation du territoire et au maintien des puits de carbone. Elle permet de gérer sur le terrain les répercussions des changements climatiques et de fournir des connaissances qui façonnent les politiques climatiques.
Plus de 70 programmes des gardiens autochtones veillent sur les terres et les eaux au nom des nations autochtones qu’ils desservent. Les gardiens combinent le savoir traditionnel et les lois autochtones avec les outils de la science occidentale pour surveiller les fluctuations de température de l'eau, la migration des animaux, l’état du pergélisol et d'autres effets des changements climatiques.
Le savoir que détiennent les gardiens façonne les politiques. À titre d’exemple, les gardiens de la nation des Heiltsuk surveillent les effets des changements climatiques sur le crabe de Dungeness en recueillant des données et en discutant avec les gardiens du savoir. Leurs recherches influent sur les décisions de la nation Heiltsuk entourant les limites de récolte et les zones protégées.
Dans de nombreux endroits, les gardiens sont les seuls à surveiller l’évolution des changements climatiques. Les gouvernements au Canada n'ont pas les ressources nécessaires pour installer des stations sur le terrain dans les régions éloignées. Mais les gardiens, eux, se trouvent déjà dans ces endroits. Leurs recherches jouent un rôle central dans l'atténuation des effets des changements climatiques dans le Nord.
Certains gardiens aident également à gérer les risques croissants d’incendies de forêt. En se fondant sur le savoir et les lois des nations, ils réduisent les risques, préservent la santé des forêts et rendent les communautés plus résilientes face aux changements climatiques.
Photo credit: Ducks Unlimited Canada